Comment le smartphone impacte-t-il notre système émotionnel ?
1. Par la quantité d'émotions ressenties
Sans lui, il est très peu probable que, dans une seule et même journée, nous eussions ressenti autant d’émotions.
Loin est maintenant l'époque ou le téléphone ne servait qu'à communiquer entre deux personnes.
Une notification d’un réseau social par-ci, un e-mail par-là, un sms, un coup de fil… les occasions que notre portable a de se manifester sont devenues omniprésentes. Nous sommes en permanence connectés avec le monde, ses infos, ses intox, les potains, la vie des copains, celles des copains des copains. Et, à chaque fois, notre système émotionnel réagi.
C'est ainsi que nous pouvons ressentir successivement ou quasi simultanément curiosité, surprise, joie, agacement, peur, colère, dégoût, tristesse, jalousie, honte, désespoir, culpabilité, etc. Je pourrais vous donner des exemples précis mais je préfère vous proposer d'observer les émotions qui vous parcourent sur une journée avec votre portable pour interface.
L'idée n'est pas de juger, simplement en prendre conscience.
2. Par le décalage de perception entre les individus
Les curseurs émotionnels de chacun ne sont ni aux mêmes endroits ni sur la même intensité.
Cela ne vous est-il jamais arrivé de recevoir une vidéo envoyée par un de vos contacts qui la trouvait hilarante alors que, vous, elle vous a heurté ou mis en colère ?
Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait aucun jalon posé autour de cette vidéo. Vous l’avez prise de plein fouet avec notre humeur du jour, dans votre contexte du moment. Elle s’est invitée dans votre bulle, a probablement atteinte une de vos valeurs.
L'expéditeur, plein de bonnes intentions, s’est permis ce partage car cela devient naturel aujourd'hui. Mais n'aurait-il pas été intéressant qu'il se questionne avant de nous envoyer ce genre de message ? "Est-ce que je le connais suffisamment pour me permettre d'entrer dans son quotidien sans qu’il m'ait invité ? A-t-il les mêmes valeurs que moi ? Le même sens de l'humour ?
La quantité et la variété des émotions ressenties quotidiennement sont donc largement alimentés par le smartphone.
Je vous propose un focus sur trois émotions fréquemment générées par le smartphone la peur, la jalousie et la culpabilité.
Quand la peur pousse à l'addiction au smartphone
D'abord il y a les peurs que nous identifions aisément. Une info anxiogène que l'on vient de lire ou entendre via notre téléphone. L'inquiétude quand un proche ne répond pas. Ou tout simplement la peur de le casser, de le perdre et de se le faire voler.
Il y a aussi une peur plus insidieuse souvent méconnue ou mal identifiée : le syndrome FOMO (Fear Of Missing Out). Le syndrome FOMO est la peur de rater quelque chose, une information.
Ces peurs peuvent très vite nous faire basculer vers l'addiction au smartphone et générer des troubles : angoisses, stress, impatience...
Cela peut aller jusqu'à la phobie. Et notamment la nomophobie qui est la phobie d’être séparé de son téléphone. Son nom vient de no-mobile phobia. Elle peut engendrer de violentes angoisses. N’importe qui peut être concerné mais cette pathologie touche majoritairement :
- Les 18-35 ans.
- Des personnes introverties qui voient en leur portable une opportunité d’interagir socialement.
- Des personnes en quête de reconnaissance qui exposent au monde leur quotidien.
- Des personnes en manque de confiance qui tentent, en se dévoilant, de booster leur estime de soi.
- Des « voyeuristes » qui se nourrissent de la vie des autres, fantasment leur vie qui parait parfaite ou encore se comparent. Ce qui peut venir aussi alimenter un sentiment d’infériorité. Face à ces vies idéales, ces personnes idéales, certains penseront que leur propre vie est insipide, inutile. D’autres complexeront sur leur physique.
Loin de moi l'idée de vous faire peur, juste de vous informer.
Et vous ? Connaissez-vous votre degré de dépendance ? Combien de minutes, d’heures lui consacrez-vous par jour ? Je vous propose plus loin le lien pour faire un test.
Smartphone et jalousie
Outre jalouser ce que l'on voit des autres sur les réseaux il y a la jalousie dans la sphère privée.
Certains passent énormément de temps sur leur smartphone alors même qu’ils sont en présence de leurs proches. Ces derniers peuvent alors se sentir relégués au second plan. Ils peuvent développer un sentiment de jalousie vis-à-vis des personnes avec qui leur proche est en contact. Quand ce n’est pas vis-à-vis du téléphone lui-même...
Dans les couples, le portable peut engendrer un sentiment de jalousie qui n’aurait jamais vu le jour autrement. En voyant son conjoint, sa conjointe, répondre à des messages sans connaitre son interlocuteur peut donner matière à interprétations. Pour peu qu’un petit sourire s’affiche aux coins de ses lèvres, c’est le film assuré !
Un climat de suspicion est né. La jalousie s’installe insidieusement pour se nourrir à la moindre occasion. Jalousie, tristesse, déception, peut conduire une personne à "fouiller" dans le portable de son/sa partenaire en quête de réponse. Ce qui peut entrainer une nouvelle émotion : la culpabilité…
Smartphone et culpabilité
Culpabilité, d’abord pour la raison précédemment évoquée et aussi due à notre rapport à soi, aux autres et au temps.
Culpabilité aussi parce que vous travaillez, bien concentré et BIP ! Déconcentré ! Il vous faudra en moyenne 20 minutes pour retrouver le même taux de concentration. Une fois dans la journée, ça passe. Mais lorsque cela devient récurrent ce n’est plus la même chose. Ce flux vient désorganiser, polluer. Vous vous sentez submergé avec la désagréable sensation de ne pas avancer. Alors, vous culpabilité « j’aurai dû éteindre mon portable », « j'avance pas, pourtant je sais qu'il faut que je me déconnecte ! ».
Qui vous a empêché de vous déconnecter ? Peut-être FOMO, non ? CQFD !
Culpabilité encore de ne pas répondre dans l'instant à un appel ou un message au point de devoir s'en justifier, s'en "sur-excuser". Et, pour peu que ce message provienne d’une personne proche ou d’un supérieur hiérarchique, le sentiment de culpabilité est décuplé.
C’est ainsi que la vie professionnelle vient empiéter sur la vie personnelle et vice-versa puis évolue vers... une nouvelle raison de culpabiliser ! Le serpent se mord alors la queue.
Combien de messages, toutes formes confondues, recevez-vous par jour ? Prenez-vous le temps de répondre à chacun ?
Savez-vous quel est l'impact de votre smartphone sur vous ? Culpabilité ? Manque de temps ? Procrastination ? Colère ? Agacements ? Stress ? fatigue ?
Et si vous vous posiez pour faire un point ? Qu'avez-vous à gagner à lui laisser sa juste place ? Du temps ? Du calme ? De la sérénité ?
Voyons comment...
Comment se libérer de son smartphone et le remettre à sa juste place
1. Evaluer son degré de dépendance au smartphone
Pour cela, je vous propose un test, cliquez sur ce lien
2. Repositionner ses curseurs utilité/nécessité/temps passé
En se posant ces questions :
- Qu’est ce qui m’a conduit à avoir un smartphone ?
- Quelle est, pour moi, sa fonction première ?
- Quelle est ma fréquence d'utilisation ?
- Quelle place prend il dans ma vie ?
- A quoi m'est-il utile au quotidien (m'informer ? communiquer ? créer du lien ? partager ? me distraire ? m'occuper ? montrer que j'existe ? quoi d'autre ?)
3. Adapter l'utilisation et/ou modifier ses comportements liés au smartphone
Les deux étapes précédentes auront probablement permis d'identifier les points à rectifier. Dans la grande majorité des cas le plus gros du travail est donc fait puisque les solutions auront émergées en parallèle.
Pour la suite, il suffit d'activer sa volonté et corriger les comportements délétères.
Deux pistes pour s'aider :
- Stimuler sa volonté en imaginant les bénéfices d'un changement.
- Un pas à la fois ! Souvent, il est plus facile de commencer par changer une seule chose et la pérenniser au lieu bouleverser complètement ses habitudes.
Et, si vous avez envie mais que pour vous c'est plus facile à dire qu'à faire, je vous propose un premier petit pas : utiliser votre smartphone pour m'appeler ;-)